Mon évidence
Auteur :
Nelly78114
Categories : Romans
Date de parution : 07/09/2020
Extrait
Couverture

… Étant encore seuls, nous rallions la salle qui va accueillir le groupe pour la dernière fois. Arriver bien en avance a du bon. Et sans nous concerter cette fois, on a plus de vingt minutes à nous.
— Comment tu te sens ? me demande Hugo.
Ce gars est formidable. Il s’inquiète sincèrement pour moi alors que finalement il ne sait pas grand-chose sur moi.
— Je m’étonne de mentir avec autant d’aisance. Mais je vais être franche, j’ignore combien de temps je vais arriver à jouer.
— Écoute-moi, Marie. On va vivre au jour le jour. Se projeter serait trop une source d’angoisse pour nous deux. Je te veux dans ma vie, c’est mon unique certitude ce matin.
— Je te veux aussi dans la mienne, Hugo. Je ne peux pas renoncer à toi, malgré Matthieu. Je n’ai jamais compris comment on pouvait s’enorgueillir de pouvoir tomber amoureux au point de mettre son couple en danger. Maintenant que je suis devant le fait accompli, je comprends.
— Je n’ai jamais souhaité que tu mettes ton couple en danger, Marie.
— Mais c’est ce qui est en train de se dérouler. Matthieu part souvent en déplacement, je bouge aussi pas mal selon mes affaires au cabinet. Jamais il n’y a eu de danger. On a pourtant été dragués de part et d’autre. D’habitude, nous en rions. Cette fois, il ne saura pas.
Personne ne saura. C’est notre bulle que nous sommes en train de faire grandir. J’ignore comment je vais gérer cette double vie, mais il est hors de question que je renonce à toi. Tu es devenu mon essentiel, ma certitude.
— Tu envahis tout mon espace, ma p’tite folie.
Je souris au petit nom tendre qu’il vient de me donner. Nous sommes vraiment là-dedans. Tout est dingue, tout est irraisonnable, mais pourtant si réel en nous.
La journée se passe normalement. Hugo parvient, l’air de rien, à boucler son programme deux heures avant la fin annoncée. Tous les autres sont contents de finir bien plus tôt. Tout le monde s’éclipse, nous laissant bientôt seuls.
Nous nous retrouvons sur le parking et, d’un accord tacite, nos pas nous conduisent vers le petit hôtel au bout de la rue. On a moins de deux heures pour concrétiser charnellement ce qui se trame depuis quatre jours.
La réceptionniste ne pose aucune question et bientôt notre chambre nous appartient. Enfin, nous pouvons nous embrasser comme nous le souhaitons, loin de tout regard.
Hugo, alors que je me frotte contre lui, entre deux baisers, me repousse très légèrement. Ses yeux noisette s’ancrent dans les miens.
— T’es vraiment sûre de toi ?
— Je ne peux pas être certaine de quelque chose que je ne contrôle pas. Ce que je sais à ce moment précis, c’est que toi et moi, c’est plus fort que tout. Et je n’ai pas du tout envie de lutter.
Hugo caresse délicatement ma joue. Il me donne l’impression d’avoir peur que tout ne soit que chimère et que je m’évanouisse comme dans un rêve. Pourtant, je suis là et bien là quand nos lèvres se rejoignent encore.
La tendresse laisse rapidement place à la passion et, comme dans un songe de conte de fées, nous nous retrouvons dans le grand lit.
Ma peau réagit au quart de tour à ses caresses, comme si elle avait attendu depuis presque trente ans ce contact. Mon corps ne pense nullement à se rebeller quand Hugo en découvre toutes les parcelles. Bien au contraire, il va au-devant des mains de mon partenaire L’un comme l’autre, nous nous moquons du temps restreint. Nous sommes seuls au monde et nous nous découvrons totalement.
L’image de Matthieu vient pernicieusement envahir mon champ de vision quand Hugo s’allonge sur moi. Les larmes voilent mon regard alors que mon amant me pénètre avec une douceur incroyable. Il s’est protégé sans que je ne me rende compte de quoi que ce soit. Tout est vraiment magique et naturel.
Hugo ramène d’un doigt mon visage vers lui. Il a senti mon malaise et il prend les rênes.
— Une bulle juste faite de toi et moi, murmure-t-il pour m’ancrer au moment présent.
Sa voix m’hypnotise et Matthieu disparaît, comme par enchantement. Il n’existe plus. Il n’y a que Hugo et moi.
Mon amant commence ses va-et-vient. Nos corps nous donnent le sentiment de se reconnaître, d’avoir attendu tout ce temps pour atteindre cette alchimie.
Seuls nos râles de plaisir envahissent la petite pièce. Mon corps vibre à l’unisson de celui d’Hugo. Je n’ai pas souvenir d’avoir ressenti déjà cela avec un homme, ni avec Matthieu. Pour la première fois, je jouis en même temps que mon amant. L’osmose est grandiose.
Je me love contre le corps puissant de mon homme. Il passe son bras autour de moi et sa main repose bientôt sur mon épaule qu’il caresse doucement. Entre deux eaux, dans cette torpeur d’après l’acte, nous reprenons nos esprits. Nous sommes tous les deux conscients que, désormais, aucun retour en arrière ne sera possible. Nous nous sommes unis dans le lit de cette chambre d’hôtel. Nos corps se sont goûtés et ils quémanderont encore de vivre ces moments grisants.
Nous étirons au maximum le temps pour ne pas devoir mettre un terme à notre bulle d’oxygène. Je sais que je viens de passer du côté de l’infidélité, mais à ce moment précis je n’éprouve aucune culpabilité. Je me sens vivante, comme je ne l’ai encore jamais été.
Alors que je porte l’odeur d’Hugo, je me rhabille. Je veux l’emporter avec moi pour mon retour dans ma vie.
J’envoie un message à Matthieu qui me répond rapidement. Je jette un œil à mon amant, toujours couché dans les draps froissés.
— Tu vas y arriver, ma p’tite folie ? me demande-t-il.
Son inquiétude, son attention me font fondre. Il est célibataire, il pourrait n’avoir cure de mon dilemme, mais au contraire il fait de ma désormais double vie son souci.
— Je ne sais surtout pas comment je vais faire sans toi.
Hugo se redresse un peu et me fixe.
— Je te laisse me contacter. Je répondrai présent à toute heure. Mais Marie, toi et moi ce n’est pas que du sexe.
— C’est bien ça le problème, non ? Ça aurait été que du cul, je ne me demanderais pas comment je vais supporter le manque.
Hugo ne répond pas. Il pense pareil. C’est juste un peu plus simple pour lui qui ne va pas devoir mentir à une compagne.
Je m’approche du lit et l’embrasse très longuement. Je fais durer ces instants plus que de raison. Notre désir s’éveille, bien évidemment.
— File, ma p’tite folie. C’est plus prudent.
Même si je n’en ai nullement envie, je l’écoute. Je puise la force de partir dans son regard apaisant.
Peu après, la porte se ferme, me séparant de l’homme qui fait battre mon cœur.
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Delphine 83
07/09/2020